Le fort aujourd’hui

Lorsque, après-guerre, s’est développée l’activité des récupérateurs de métaux, cela a constitué une ultérieure défaite pour les structures du fort. En effet, si les puissants obus autrichiens n’avaient heureusement provoqué que des dégâts limités, c’est l’action de destruction de ces récupérateurs (laquelle perdura sur des décennies) qui démembra le fort jusqu’à le réduire à un amas de ruines. Au vu de la situation, l’Etat italien, ne pouvant plus utiliser une structure en aussi mauvais état, le mit en vente. C’est par ce biais que le fort a été acheté en 1943 par Emilio Panozzo, paysan de Treschè Conca, et devint ainsi une propriété privée. Les premiers travaux de reconstruction débutèrent dans les années 1980, sur initiative de Severino Panozzo, fils du propriétaire, qui s’est adonné durant des décennies à la restauration du fort, en déblayant les gravats qui jonchaient complètement la forteresse, en libérant l’endroit de sa gangue de dense végétation, en reconstruisant les parties détruites et en sécurisant l’édifice afin qu’il puisse être visitable. De cette manière s’est mis en place un processus spontané et presque involontaire de « muséalisation » du site, au prix de nombreux efforts physiques et financiers, et sans la moindre aide publique.

Le travail effectué par les propriétaires a obtenu une reconnaissance importante en 1997, lorsque le célèbre journaliste de télévision Alberto Angela, connu pour son émission de vulgarisation scientifique « Super Quark », a choisi le Fort Corbin pour y tourner un documentaire avec son équipe. Dans les années 1990 le fort se présentait déjà sous la forme d’un musée à ciel ouvert, visitable presque complètement, de telle sorte qu’il a obtenu le statut de musée historico-militaire de la part de l’Organisme de protection des sites architecturaux et naturels de Vérone, dont dépend la zone du fort.

A cette époque également, la Comunità Montana du Plateau d’Asiago (sorte d’agence territoriale destinée à mettre en valeur les zones de montagne), autorité tutélaire du grand projet d’écomusée de la Grande Guerre dans les Préalpes vicentines, proposa une convention à la famille Panozzo aux fins d’obtention de financements sur la base de la loi 78/01 sur la protection des sites de la Grande Guerre. Pour diverses raisons, les propriétaires déclinèrent l’offre et décidèrent de poursuivre la reconstruction du fort comme jusqu’alors par leurs propres moyens.

La passion qui habite la famille Panozzo depuis toutes ces années a garanti l’entretien et l’amélioration constante dont a besoin une structure de ce genre. Le soin et la « muséalisation » du Fort Corbin mobilisent l’ensemble de la famille Panozzo, qui s’emploie sans relâche à ce que le fort soit toujours propre, sûr et visitable, tant dans ses espaces intérieurs que dans les vastes espaces verts qui l’entourent.

 

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